FIFI
Bêêê de capricorne maléfique ! ! !
J'vous l'avais dit qu'ce château était devenu dramatique ! J'vous l'avais dit !
Et bien ça y est : UN MEURTRE ! ! !Un meurtre maintenant : nous manquait plus qu'ça ! Et Monsieur Charles qui est malade, malade, malade et MA Johanne qui aurait pu disparaître et qu'heureusement qu'on l'a retrouvée, et ces cris des jaguars, le jour, la nuit, et mon lait qui reviendra plus, et cette sorcière gitane qui hurle à la lune depuis la mort de Firmin. Oui, oui : c'est Firmin, le Directeur du cirque qu'on a tué !
Raide mort qu'il est à c't'heure !
...Et son assassin , vous demandez ?
Disparu l'assassin, envolé, évaporé, pas vu-pas pris-pas puni, et personne qui sait,... ou plutôt : PERSONNE QUI DIT ! ! !
Bêêê de fromage empoisonné à la salmonelle ! ! ! !
Et ils sont tous là, avec leurs mines d'enterrement qui n'a pas encore eu lieu, et que ça pleure, et que ça se désespère, et que ça grimace de la tristesse.
Mais MOI, Fifi la chèvre, je ré-flé-chis, MOI. Vous croyez pas que j' vais laisser courir un assassin qui pourrait encore recommencer, juste comme ça pour le plaisir et ME tuer, MOI AUSSI, ou pire encore, ME tuer MA Johanne, ou MON bon Monsieur Charles ! ! !
NON, NON, NON ! ! ! Je laisserai pas faire, y'a déjà eu le meurtre de la chèvre de Monsieur Seguin, y'aura pas le meurtre à Fifi !
Et à QUOI je réfléchis, vous dites ? ? ? Et bien je réfléchis à tout ce qu'il faut : aux indices, aux mobiles, aux alibis, à toutes ces choses que vous lisez dans vos romans policiers et que MOI, même si je sais pas lire, j'A-NA-LY-SE ! ! ! Parfaitement : vous m'avez bien entendue le bêler : j'A-NA-LY-SE.
Par le Dieu des Banons aux herbes, il sera pas dit que j'laisserai continuer ce massacre, ah ça, non !
D'abord, les suspects.
Facile : à part MON monsieur Charles, et MA Johanne et la petite Amélie qui a l'innocence du petit lait, ce sont TOUS des suspects !
Bêêê !!! Bon, d'accord, j'enlève aussi le Firmin de ma liste : c'est pas un suicide, c'est un assassinat. Et puis j'ai vu s'éloigner une ombre, juste après le coup de feu, alors.
Bêêê !!! Allez ! J'enlève aussi les jaguars et l'âne Papou : les jaguars, j'ai vérifié, ils sont restés cadenassés dans leur cage. Et l'âne Papou, il comptait fleurette à une mule-ânesse dans MON pré aux pommes. Complètement ravagé par les délires de l'amour c't'animal ! Et puis je ne pense pas qu'il aurait pu tenir le revolver, le Papou. Bien que, avec ces bêtes de cirque qui savent singer les hommes, faut se méfier...
L'ombre était une ombre ...normale, oui... j'le dirai comme ça : Une ombre ABSOLUMENT normale. Donc, autre déduction fine et caprine : c'était PAS Jojo qui, elle, aurait fait une ombre ..., une ombre ..., une ombre très très grande, quoi ! ! ! ( Pour pas dire "anormale", que ça pourrait la vexer la Jojo et qu'au fond, celle-là, avec son aspirateur, elle me paraît pas mauvaise bouquetine).
L'ombre n'avait pas de longue jupe , ça j'en suis SURE, moi Fifi ! Donc ... c'est pas Manuella ! Pourtant, cette sorcière à breloques, je l'aurais bien vue en assassine, mais, bon..., dommage..., passons aux autres !
Bêêê de difficile choix entre la pomme et le fromage ! ! !
Donc, les autres, du David qui parle pas, à l'Anouchka qui en dit trop, de ce faux Miguel en vérité Aristo ( je vous béguète pas tout, c'est trop compliqué, mais vous pouvez me faire confiance : j'en sais des pommes vertes et des pas mures ), de ce Ronaldo réapparu comme par hasard et qu'en fait il est le père de l'Amélie et l'ancien petit ami de l'Anouchka qui est, ça vous le savez mais je le répète pour que vous arriviez bien à suivre, donc à l'Anouchka qui est la fille du défunt assassiné, en n'oubliant pas sur la liste cet Arthur qui a un nom de fantôme et que ça c'est déjà presque un indice, bref, ces gens-là ... CE SONT TOUS DES ASSASSINS POSSIBLES que j'vous dis !
Bêêê de drame mondial de la réglementation sur l'exportation des fromages français !
Je garde les cornes fraîches, j'aiguise mes sabots tout pointus au cas où, je m'en vais sautiller l'air de rien en mâchouillant quelques brindilles pour ne pas attirer l'attention et je continue mon enquête autour des caravanes, discrète-discrète comme me l'a appris ma grand-mère chèvre du Tibet (ça faut pas l'oublier non plus), et je vous raconte TOUT dès que j'interpelle l'ignoble individu assassin !
Comment vous dites ? .Oui ....si vous y tenez...Oui ....oui ...Vous pouvez m'appeler : " Détective chèvre Fifi ", mais je vous le demande : SECRET AB-SO-LU sur ma mission ! ! !
JE rode, JE vois, JE renifle, JE mâchouille et par le Dieu du crottin de Chevignol ça m'étonnerait que c't'affaire reste longtemps un mystère ! ! ! !
PAPOU
Je vous dis avec les hommes, la tranquilité c'est quelques minutes et encore!
Pourtant , depuis que j'avais trouvé la petite ânesse et ce grace à Manuella , je voyais ....
l'herbe bleue au fond de ses yeux!
Les nuages sous ses oreilles que je voulais réchauffer!
Les idées qui montaient en mon ventre!
Et mes poiles qui perdaient l'immobilité!
Pourtant, depuis que j'avais trouvé la petite ânesse, toutes les nuits , j'entendais courir des petits ânes , les flancs animés de mon sang et du sien!
Mais avec les hommes , la tranquilité !
- Vite,vite, il faut appeler des secours .... on a tué Firmin!!!!
Tout le monde courait et Jojo pleurait ... tout le monde pleurait d'ailleurs ....Enfin presque , car moi je vois les véritables larmes et j'en sais des petites choses que j'oublie ....
Mais avec les hommes la tranquilité !
Je ne sais pas pourquoi mais cette nuit là me rappelle celle où quelqu'un cherchait la clé !
Mais moi , j'oublie ....pourtant ce pourrait il que cette clé puisse expliquer la mort de ce pauvre Monsieur Firmin???
Mais je ne suis qu'un âne et là, je me demande qui va me donner mon avoine ce soir ???
Ils ne vont pas m'oublier , c'est que l'amour et les émotions creusent l'estomac des ânes!!
SARAH
Des coups. Des coups. Encore des coups. Sarah se débattait tant qu'elle le pouvait, mais les coups continuaient à pleuvoir. Bizarrement, ils ne lui faisaient pas mal. Elle ouvrit soudain les yeux et se dressa sur son lit, haletante. Elle mit quelques instants à réaliser où elle était, la petite caravane à présent familière, son costume d'écuyère qui dépassait de la penderie, Lisa dans la couchette voisine qui venait également de se réveiller. Ses yeux se dirigèrent alors vers la porte, d'où provenaient ces fameux coups.
"Oui ?" , cria-t-elle en jetant un coup d'oeil à sa montre. Il était six heures du matin.
"Sarah ! Ouvre ! vite !"
La jeune fille reconnut la voix d' Arthur, mais quelque chose l'alarma dans sa manière de parler. Il semblait être dans tous ses états.
Elle sauta donc de son lit et ouvrit la porte, après avoir enfilé un peignoir léger. Blême, décomposé, le visage de "monsieur muscle" faisait peur à voir. "Firmin..." articula-t-il, mais la suite de sa phrase s'étrangla dans sa gorge et il ne put achever. Ses yeux parlaient pour lui, brillants de larmes. Malgré ce regard pourtant si éloquent, Sarah se refusait à croire ce qu'elle y avait deviné. "Qu'est-ce qu'il y a ?", demanda-t-elle, mais elle lisait déjà la réponse dans la larme qui roulait à présent sur la joue d'Arthur. Lisa était derrière elle.
"On l'a trouvé ce matin", parvint enfin à articuler Arthur. "Assassiné."
A ce mot, les deux jeunes femmes poussèrent un même cri. Sarah sentit les larmes lui monter aux yeux. En se retournant vers Lisa, elle vit que celle-ci commençait à renifler. Elles interrogeaient Arthur du regard, n'osant lui en demander plus, mais il ne parut pas comprendre. Trop bouleversé, sans doute. Quelques secondes s'écoulèrent, insoutenables. Tous trois évitaient de se regarder. Puis c'en fut trop pour Lisa, qui s'écroula sur l'épaule de Sarah et se mit à sangloter. Sarah la prit dans ses bras en pleurant, elle aussi, mais elle imaginait la peine de Lisa qui avait perdu toute sa famille et pour qui Firmin était comme un père. Avait été. Elle ne pouvait s'empêcher de penser encore à lui au présent.
Arthur tourna lourdement les talons et s'éloigna d'un pas plus pesant que d'habitude. Au loin, une voiture de police arrivait à toute allure sur le petit chemin qui menait au campement, girophare et sirène allumés. La porte de la caravane d'Anoushka et Amélie était close, mais la lumière brillait à l'intérieur. Elle entrevit la silhouette de Manuella qui sortait de sa roulotte, les cheveux épars et dénoués. Elle suivit Arthur du regard et le vit frapper à la porte des parents de Marie. Puis son regard se reporta sur Lisa qui sanglotait dans ses bras. Sarah aussi pleurait, mais, sous le choc de la nouvelle, elle ne réalisait pas la mort de Firmin. Non, elle n'arrivait pas à réaliser.
Sarah versa l'orge dans la mangeoire de Libellule, mais le seau tremblait dans sa main. Elle fit de même pour Opium, puis entreprit de nettoyer les boxes de ses chevaux pendant qu'ils mangeaient. Elle avait fini par suivre l'exemple de Lisa, qui, après avoir pleuré toutes les larmes de son corps, s'était habillée et était allée chercher réconfort auprès de ses fauves.
La police était venue, puis repartie. Deux inspecteurs mal réveillés étaient descendus de la voiture et avaient commis l'erreur de demander à parler à l'épouse du défunt, ce qui avait provoqué une nouvelle crise de larmes chez Anoushka. Vive la psychologie, s'était dit Sarah en observant la scène de loin. Après avoir essayé de se rattrapper grâce au don d'un paquet de Kleenex à Anoushka, c'était à elle qu'ils avaient présenté leurs condoléances. Nouvelle crise de larmes. Sarah distinguait la petite silhouette d'Amélie serrée contre sa mère, si menue et si fragile, comme perdue dans ce monde d'adultes.
Après avoir tenté de poser quelques questions à diverses personnes du cirque, les policiers avaient renoncé devant les chutes du Niagara que déclenchait le seul nom du mort chez tous. Ils avaient embarqué le corps et déclaré qu'ils repasseraient dans l'après-midi, et interdiction pour tout le monde de quitter l'enceinte du château. Sarah avait eu un rictus amer à cette annonce. Qu'est-ce qu'ils croyaient ? Que c'était quelqu'un du cirque qui avait tué Firmin ? Ca se voyait bien que les flics ne connaissaient pas la grande famille Zindéro.
Au moment où les inspecteurs repartaient avec la dépouille de Firmin, Charles de Vassiers était arrivé, en pantoufles et robe de chambre, demandant à la ronde ce que c'était que ce remue-ménage. Pâlissant sous le choc en apprennant la nouvelle, il avait eu le tact de se retirer immédiatement, laissant le cirque à sa peine.
Tout en s'occupant distraitement de ses chevaux, Sarah observait le cirque. Anoushka s'était retirée chez elle en emmenant Amélie. Manuella, après être restée prostrée dans l'herbe, sans répondre à quiconque lui adressait la parole, s'était relevée et avait disparu dans les bois. Les autres avaient formé de petits groupes, çà et là dans le cirque, et parlaient à voix basse entre eux afin de ne déranger personne. On entendait quelques sanglots étouffés, aussitôt suivis du murmure des voix bienveillantes. Le cirque se serrait les coudes dans le malheur. Puis chacun était reparti dans sa roulotte, tout doucement, sur la pointe des pieds, les larmes aux yeux.
Sarah s'appuya sur Opium, les yeux grands ouverts dans le vide. Elle n'arrivait pas à imaginer le corps de cet homme si chaleureux dans un cercueil, et encore moins que quelqu'un ait pu lui vouloir du mal au point de le tuer. La jeune fille lui était infiniment reconnaissante. Il avait cru en elle, lui avait donné sa chance, l'avait conseillée, encouragée. C'était grâce à lui qu'elle avait pu réaliser son rêve, et qu'elle était à présent une véritable écuyère. Firmin était plein de bonté, tout le monde l'aimait... tout le monde sauf une personne, tout le monde sauf son assassin.
Qui avait pu vouloir une chose pareille ? Et Amélie, et Anoushka, qu'allaient-elles faire ? Qu'allaient-ils tous devenir ? Le cirque n'avait plus d'âme, sans Firmin, plus de raison d'être, elle ne pouvait concevoir le chapiteau Zindéro sans la silhouette trapue qui distribuait ordres, conseils et compliments du centre des gradins, qui passait dans les caravanes pour parler des numéros, qui se souciait de tous, de l'âne Papou à la grande Jojo, en passant par Manuella, et même elle, Sarah.
Ses pensées tournaient à vide. Elle leva la tête et regarda son cheval, qui semblait comprendre sa peine et posa son chanfrein contre la poitrine de la jeune fille. Sa maîtresse la caressa. Elle ne se sentait pas bien, n'ayant rien mangé depuis la veille au soir. Elle n'avait pas faim, mais elle referma les boxes pour aller se forcer à grignoter quelque chose. Elle s'éloigna à pas silencieux dans le cirque qu'on aurait cru vide et sans vie.
MANUELLA
Firmin est mort … ! C’est impossible …
Prostrée … Elle était restée prostrée de douleur …Manuella ne pouvait plus bouger …Telle une statue , elle restait figée …Seules des pensées morbides envahissaient son esprit …
A l’ annonce de la mort de Firmin , le choc avait été tel , qu’ elle s’ était effondrée comme une poupée de chiffon …Impossible de se rendre à l’ évidence .. ;Firmin mort …NON ! …pas lui ! …Ce n’ était pas possible … C’ était un affreux cauchemar … elle allait se réveiller …
Elle l’ avait bien vue , la mort , rôder …Les tarots l’ en avaient prévenue …Une mort violente .. .mais jamais elle n’ aurait pensé qu’ il aurait pu s’ agir de Firmin…et qu’ il serait assassiné !
Non ! …on était dans un film , là …ou alors , elle dormait et quelqu’ un allait la réveiller !!
Ce n’ était pas possible autrement … !
Mais qu’ avait donc bien pu faire Firmin de si moche pour que quelqu’un en vienne à lui ôter la vie de cette manière ? Qui avait bien pu lui en vouloir à ce point ? …et attenter à sa vie d’ une façon aussi violente ? Qui pouvait le détester autant pour vouloir le supprimer ?…
On avait voulu faire croire au suicide …mais la police n’ avait pas été dupe …Firmin avait été purement et simplement assassiné …enfin , façon de dire .. . !
…et cette lettre qu’ il avait laissée …Raphael , son fils , serait mort par sa faute ? Firmin aurait tué son propre fils ??!!! Non ! .. ;impossible ! L’ assassin avait voulu mettre ce meurtre sur le compte de Firmin …mais c’ était FAUX !! …archi-faux ! Firmin était incapable de tuer ! …de tuer son fils ? Personne n’ allait croire une chose pareille !…Firmin avait trempé dans pas mal de magouilles …mais de là à devenir un meurtrier …non , ça , c’ était impensable !
Ohhhhhhhhhhhhh ! Qu’ elle était malheureuse ! … jamais elle ne s’ en remettrait …Vivre désormais sans l’ amour de sa vie …Elle l’ aimait toujours, malgré les mots durs qu’ ils s’ étaient échangés la veille , quand Firmin lui avait signifié leur rupture . Quand elle repense , qu’à cette minute –là , elle aurait voulu le voir mort à ses pieds , tant elle le haissait de vouloir la quitter …AHHH ! Manuella … voilà où t’ ont menée tes vilaines pensées ! …
Madre de dios … rendez-le moi !…Sortez-moi de ce cauchemar … je vous en supplie ! …
Maintenant , sa vie s’ écroulait … Qu’ allaient-ils tous devenir sans lui ?
Anouschka était au plus mal… On lui avait administré des calmants pour éviter une nouvelle crise de nerfs … Après les décès de sa mère et de son frère , jamais elle ne pourrait faire face à nouveau à un tel drame …son père assassiné …et la petite , qui allait s’ en occuper maintenant ? Qui allait lui expliquer …trouver les mots … Pour le moment , David , pour la soustraire à cette ambiance traumatisante pour une enfant de cet âge , avait emmené Amélie voir Papou , à l’ autre bout du domaine …Mais la pitchoune était loin d’ être bête , elle avait senti qu’ il se passait quelque chose de grave … tout le monde pleurait autour d’ elle … hurlait …l’agitation ….. ;la police …
RONALDO !! Voilà , la solution ! Cette pensée qui lui traversa l ‘ esprit soudain , la fit se redresser .Il fallait absolument qu’ il débarque illico , s’ occuper de son petit monde et prendre les choses en mains ! Pour une fois … il pouvait bien faire ça …Anouschka avait trop besoin de son amour et de son soutien , surtout dans un moment si douloureux …Et Amélie .. ;qui mieux que son papa pourrait trouver les mots ? Manuella aussi avait besoin de son fils car elle n’ avait plus de forces …pour faire face à tout ça …
Mais au fait ! … où pouvait-il bien se trouver ? Mais que faisait-il ? Ronaldo devait venir , en début de journée , voir sa mère pour l’ entretenir de choses qui le préoccupaient …Manuella tenait à ce qu’ils parlent ensemble de sa situation …il devait répondre à ses questions …cela faisait si longtemps qu’ ils n’ avaient pas bavardé … Avait-il oublié leur rendez-vous ? Courait-il encore les bois ? … Avait-il laissé passer l’ heure ?… Pourtant …mais oui ! .. ;elle se souvenait …Le père de Sarah lui avait dit qu’ il avait aperçu le garçon qui traînait du côté des roulottes , quelques heures plus tôt … même qu’ il l’ avait trouvé changé …depuis qu’il avait quitté le cirque … il avait failli ne pas le reconnaître … Ronaldo ne s’ était pas attardé , il ne lui avait adressé que quelques mots …il semblait très pressé … Pressé d’ aller voir sa mère sans doute …mais Manuella ne l’ avait pas encore vu ! …avec tout ce qui s’ était passé entre-temps , elle avait oublié … Bon sang ! Où était-il passé ? pourquoi , dans les parages , Ronaldo n’ était-il pas passé la voir ??
Il fallait absolument qu’ elle envoie quelqu’un le chercher … ça commençait à bien faire ! Il fallait tout de même qu’ il soit là … ! …surtout maintenant avec ce qui s’était passé ! …
JOJO
Je m'asticotte les orteilles, et quand je m'asticotte les orteilles c'est que ma tête ne va pas très fort. Je suis assise sur le banc dehors, c'est la fin de la journée, ça fait deux jours qu'ils ont empaqueté Firmin dans un grand sac poubelle a fermeture éclaire. Bon je vais me ronger les ongles des pieds ça me changera, ceux des mains y'en a plus. J'ai l'impression que j'ai raté un épisode, ou plutôt que je ne devrait pas deviner ce que je devine. Dés que le visage de la photo réapparaît j'ai une angoisse terrible qui me vient. Pour sûre il avait un sourire détonnant ce gars là mais ......mais Firmin s'est tué, Firmin s'est tué ? ? ? ? il faudrait tout de même pas prendre JOJO pour une ortie sauvage, hier encore il était tout a son projet, hier encore il embrassait Amélie... Firmin se tirer une balle non mais ! et pourtant je suis nouvelle, mais ce type là ne se serait jamais donné le droit d'abandonner les siens, a commencer par sa petite Amélie, et puis .. OH c'est moche c'est très moche. Et qui va prendre le cirque sous sa coupe, qui va ..
Oh bon sang j'ai le droit de penser, personne ne viendra me les prendre. Serais-je une grande trouillarde, enfin il faut quand même dire qu'on a tué Firmin et le " on " est bien quelque part ? ? ? et pourquoi ? ? ? ?et si j'arrivait a faire le lien avec le sourire de la photo, je sens qu'il y a quelque chose. oh je ne m'appelle pas Manuala mais depuis que j'ai ouvert ce satané tiroir a secret d'Elysabeth et que mes yeux on aperçu cette photo, je ne cesse de chercher a qui ce mec me fait foutrement penser, il y a j'en suis sûre un lien avec quelqu'un que j'ai vu dans le cirque. mais qui ? ? ? Et Elysabeth dans tout ça ! ! !
Non c'est pas Elysabeth qui aurait assassiné Firmin ? ? ? non mais ça serait vraiment pas de chance ! je cohabiterai avec jack l'éventreur dans la plus grande impudence ? ? ?A l'insu de mon malgré moi ? ? ? ? oh oh oh jojo la froussardeeeee, oh jojo la trouillardeeeeeeee !
J'aime pas la mort, je ne suis pas la seule, c'est sûre, mais moi, encore moins que les autres, et puis je ne comprends pas pourquoi ? Et puis les meurtres oui c'est un meurtre, m'en fou personne ne m'entends, JE PENSE ! et puis les meurtres ça n'arrive que dans les journaux, à la télé , au cinéma , dans les romans, dans la vie ? ? ! ! mais même pas ça m'avait effleuré, oh lalalalalalala ! pire je connais la victime, enfin un peu , Il était la il y est plus !
Me revoilà avec le mec de la photo mais a qui me fait il penser ? je connais cette ambiance dans son visage.. Je vais fermer les yeux et faire la position de la cigogne . c'est une de mes positions fétiche pour mieux respirer mon corps, pour mieux respirer ma paix.
- Qu'est-ce que tu fais jojo ? ? ?
J'ouvre un oil et je vois la petite Amélie, oh bon sang que vais-je lui dire, je l'évite depuis que Firmin est parti, je l'évite car je ne sais pas quels mots lui dire, mon cour lui sait mais mes mots non..
- je fais la cigogne lilie c'est une position qui me permet d'être plus sereine, de me retrouver quand je me perd trop loin .
- Ah je vois toi aussi tu t'es perdue, si j'avais su j'aurai fait la cigogne moi aussi, tu n'aurais pas une position pour faire sortir le chagrin ? ? ? je crois que j'étouffe !
- Euh ! ! ! oui ! j'ai une position géniale pour les chagrins prisonniers, viens approche toi lilie, viens dans mes bras, oui voilà comme ça, approche ton oreille de moi, euh l'oreille droite de préférence s'il te plaît chaque oreille est particulière, il ne faut pas les mélanger tu comprends ? ? ?
- Non ! mais tiens voilà mon oreille si tu y tien !
Alors j'ai dit un truc pas facile a dire mais je crois qu'il fallait que je le dise à Amélie, pour qu'elle puisse se libérer dans ses larmes.
- Amélie. ton grand père est mort , dans la vie. mais a jamais il restera dans ton cour
En fait je me suis mise a pleurer avant elle, je pleurais en marchant dans l'allée tout en fredonnant doucement un air de vie un peu triste.
Puis Amélie a pris mon cou et j'ai entendu ses larmes sortir de son âme . Nous avons fredonné puis nous avons ris un moment donné aussi, puis elle s'est remise a pleurer. PUIS je me suis soudain souvenu que le sourire de la photo ressembler comme deux gouttes d'eau a celui d'Anouschka !
ANOUSHKA
Stop.
J'ai arrêté les médicaments.
Les médecins sont sûrement hyper doués, mais c'est à MOI qu'on vient de tuer
mon père, après voir vu mon frère et ma mère mourir. Alors pardon, mais je
crois qu'au point où j'en suis, je vais faire comme JE veux.
Et puis j'ai besoin d'y voir clair cinq minutes.
Oh ma tête ! ça tourne mon Dieu, c'est une horreur.
Depuis combien de jours papa est mort ? Trois ? Quatre ? Plus ? J'en ai plus
la moindre idée. Je deviens dingue. Ça paraît normal non ? Une paumée à qui
on explose la famille et la vie à plusieurs reprises, elle a pas mal de
chances de devenir dingue, je me trompe ?
Du calme Anouchka, tu deviens pas dingue, c'est les comprimés, les larmes et
les nuits blanches (y en a eu plusieurs, ça j'en suis sûre) qui te font ça.
Tu vas t'en tirer.
.pour Amélie.
Oh mon Dieu, la pauvre. Comment je vais lui parler ? Elle a jamais connu son
père, elle a vécu toute sa vie entre ses grands-parents et moi, elle les a
toujours vu malheureux à cause de Raphaël, puis maman est morte, et ils
vienne de., et sa mère est complètement shootée aux anti-dépresseurs. A part
ça, ça va, c'est vrai ! Comment une petite fille peut grandir là-dedans ?
Alors, si quelqu'un m'entend, comment vous voulez que je croie en Dieu ou en
quoi que ce soit ? Mais on va être très simple, on m'a bien bousillé ma vie,
mais on touchera pas à ma fille. Je sais pas comment je vais me débrouiller,
mais je vais la tirer de tout ça. Elle va vivre avec des gens normaux, qui
vivent normalement, et qui vivent tout court.
Faut que je me lève. Le premier truc à faire quand on veut pas sombrer dans
le désespoir et la dépression, c'est de pas rester couchée. Ce que ça
tourne.
Je vais me remettre à pleurer. Papa.
Au moins, au niveau kleenex, j'ai ce qui me faut. J'en suis arrivée au stade
très critique où la vue de mes mouchoirs me fait pleurer : ils m'en ont tous
apporté pour être gentils et me montrer qu'ils ne m'oublient pas, mais quand
je les vois je repense à pourquoi tout le monde suppose que j'en ai besoin,
et je pleure encore plus parce que je suis émue d'imaginer qu'ils voudraient
me consoler. En bref c'est un vrai cercle vicieux. Mais je peux quand même
pas les balancer dans l'évier comme j'ai fait avec mes comprimés.
Je vais prendre une boîte parmi les deux douzaines et je vais aller me
recoucher cinq minutes.
Ou la ! Vu le nombre que j'en ai vidé. Bon, cinq minutes de pause et après.
Après, on verra.
Papa.
Le pire, c'est qu'il ne devait pas mourir ! Y a quelqu'un qui a cru qu'il
avait le droit de nous l'enlever. C'est monstrueux. Je vais tuer celui qui a
fait ça. J'ai rien pu faire pour maman mais là. Non, Anouchka, quand on tue
quelqu'un, on finit en prison, et ta fille a besoin de toi. Va falloir que
je laisse ce salaud respirer en toute impunité pour ma fille. Oh ! et puis
qu'est-ce que ça m'apporterait de le voir mourir ? J'en ai vu trop des gens
mourir.
Et moi qui me suis engueulée avec lui juste avant. J'aurais pas pu être
gentille une fois ? Je vais le regretter toute ma vie de même pas lui avoir
dit bonne nuit ce soir-là.
Amélie ! Où est AMELIE ? Comment j'ai pu la laisser toute seule ? Non.
Du calme, David s'occupe sûrement d'elle. Depuis, il ne la lâche pas, lui.
Alors que toi Anouchka. Arrête, arrête de culpabiliser, si tu crois que
c'est ça qui va rendre ta fille heureuse.
Si les médecins avaient la moindre idée des cauchemars que donnent leurs
trucs. Faut que je voie Ronaldo. (Manuella doit savoir où il est, j'en suis
certaine.)Pour être sûre qu'il va bien, déjà.
Pour le supplier de revenir, ensuite. Même s'il m'aime plus. C'est pas ça le
problème. Pour Amélie. Je pourrais pas m'en tirer toute seule, je le sais.
Il le sait. Elle a besoin de lui. Il pourra pas me dire non. Ronaldo s'il te
plait. juste pour Amélie.